Une nouvelle étoile pourrait bien émerger dans le ciel des processeurs graphiques. La startup américaine Bolt Graphics, basée à Sunnyvale, en Californie, a dévoilé cette semaine son ambitieux projet : Zeus.
Il s’agit d’une plateforme GPU conçue pour le rendu, les simulations de supercalculateurs et le Ray Tracing en temps réel. Selon la jeune entreprise, Zeus pourrait surpasser la génération de cartes graphiques Nvidia actuelle dans des tâches spécifiques, notamment en Ray Tracing grâce à son architecture et une approche différente de la gestion des ressources.

L’arrivée de Bolt Graphics sur le marché des GPU est un événement rare. Depuis deux décennies, seules trois entreprises occidentales dominent ce secteur : Nvidia, AMD et Intel. La tentative de Bolt de proposer une alternative indépendante, open-source et spécialisée est audacieuse, mais elle ne garantit pas le succès.
Un GPU dédié à la puissance de calcul
Contrairement aux architectures fermées des géants du secteur comme Nvidia, AMD et Intel, Zeus repose sur l’ISA open-source RISC-V. Ce choix confère à Bolt Graphics une plus grande flexibilité pour concevoir un GPU adapté aux besoins du calcul scientifique et du rendu avancé. L’architecture repose sur des cœurs vectoriels haute précision (FP64) et une extension spécifique pour l’accélération des charges de travail complexes, allant du calcul photonique aux simulations électromagnétiques.
Là où Zeus frappe fort, c’est dans le Ray Tracing et le calcul FP64 même pour la version d’entrée de gamme. Par exemple en Ray Tracing Zeus 1C26-032 affiche une performance de 77 gigarays, soit plus du double des 32 gigarays promis par la GeForce RTX 5090. De plus, avec un cache sur puce plus important et une consommation d’énergie largement inférieure (120 W contre 575 W pour la carte de Nvidia), Zeus pourrait bien devenir un acteur majeur du calcul scientifique et des applications de rendu.
Bolt Graphics adopte également une stratégie radicalement différente en matière de gestion de la mémoire. Alors que Nvidia mise sur une bande passante élevée pour optimiser les performances, Zeus préfère une capacité mémoire accrue pour traiter des ensembles de données plus volumineux. Le modèle haut de gamme, le Zeus 4C26-256, peut ainsi atteindre 2 To de mémoire DDR5.
De plus, les interfaces Ethernet 400GbE et 800GbE, ainsi que le support de la technologie CXL 3.0, permettent à plusieurs GPU Zeus de fonctionner en cluster avec une efficacité inégalée. Ce choix stratégique positionne clairement Zeus comme une solution adaptée aux centres de données et aux supercalculateurs plutôt qu’aux joueurs traditionnels.
Bolt Zeus 1c26-032 | Bolt Zeus 2c26-064 | Bolt Zeus 2c26-128 | Bolt Zeus 4c26-256 | GeForce RTX 5090 | |
Board Power (W) | 120 | 250 | 250 | 500 | 575 |
FP64 / FP32 / FP16 vector TFLOPS | 5 / 10 / 20 | 10 / 20 / 40 | 10 / 20 / 40 | 20 / 40 / 80 | 1.6 / 105 / 105 |
INT16 / INT8 matrix TFLOPS | 307.2 / 614.4 | 614.4 / 1,228.8 | 614.4 / 1,228.8 | 1,228.8 / 2,457.6 | 818.4 / 1,636.8 |
Path Tracing (gigarays) | 77 | 154 | 154 | 307 | 32 |
On-chip cache (MB) | 128 | 256 | 256 | 512 | 120 |
LPDDR5X memory | 32 GB LPDDR5X | 64 GB LPDDR5X | 128 GB LPDDR5X | 256 GB LPDDR5X | – |
DDR5 memory | 2x DDR5 SO-DIMMs | 4x DDR5 SO-DIMMs | 4x DDR5 SO-DIMMs | 8x DDR5 DIMMs | – |
Max memory and bandwidth | Up to 160 GB @ 363 GB/s | Up to 320 GB @ 725 GB/s | Up to 384 GB @ 725 GB/s | Up to 2,304 GB @ 1.45 TB/s | 32 GB @ 1.8 TB/s |
Video Encoding (AV1, H.264/265) | 2x 8K60 AV1 streams | 4x 8K60 AV1 streams | 4x 8K60 AV1 streams | 8x 8K60 AV1 streams | 3x 8K60 AV1 streams |
Display outputs | DisplayPort 2.1a, HDMI 2.1b | DisplayPort 2.1a, HDMI 2.1b | DisplayPort 2.1a, HDMI 2.1b | – | 3x DisplayPort 2.1a, HDMI 2.1b |
PCIe | 2x PCIe 5.0 x16 | 2x PCIe 5.0 x16 | 2x PCIe 5.0 x16 | 8x PCIe 5.0 x16 | PCIe 5.0 x16 |
GbE | 400 GbE (QSFP-DD) | 400 GbE (QSFP-DD) | 400 GbE (QSFP-DD) | 6x 800 GbE (OSFP) | – |
Un challenge de taille
Si toutes ses promesses sont alléchantes, Zeus devra relever un défi de taille : l’adoption logicielle. Contrairement à Nvidia, qui bénéficie d’un écosystème robuste avec CUDA ou AMD avec ROCm, Bolt Graphics part de zéro. La startup a déjà développé un moteur de rendu, Glowstick, optimisé pour son GPU, mais pour s’imposer, elle devra aussi assurer une compatibilité avec des standards comme Vulkan, OpenCL et même une couche d’interprétation pour CUDA.
Autre frein : Zeus n’existe encore que sous forme de prototype virtuel. La production des premiers kits de développement est prévue pour fin 2025, et la commercialisation pour fin 2026. En attendant, aucune donnée de performance réelle n’a été vérifiée. Il faudra donc patienter avant de voir si Zeus tient ses promesses face aux poids lourds du secteur.
Source : Tom’s Hardware