Politique et économie

Zone-telechargement, une dérive mafieuse du partage, merci Hadopi ?

Plusieurs jours après sa fermeture, Zone-téléchargement continue d’être un sujet brulant. Si certains comme le secrétaire générale de la Sacem le décrive comme « des voyous qui ne devraient avoir la compassion de personne » d’autres proposent une réflexion plus profonde. Il s’agirait du résultat d’erreurs et d’un entêtement de toute une industrie.

Zone Téléchargement

C’est le point de vue défendu par Lionel Maurel, membre de la Quadrature du Net. Dans une interview accordée au Monde, il déplore l’existence de sites commerciaux à l’image de Zone téléchargement cependant il regrette aussi « une fausse solution ».

Fermeture de Zone-téléchargement, un scénario qui se répète

Au cours de cet entretien il propose une posture de réflexion sur l’existence de ce type de site. A ses yeux l’industrie culturelle continue toujours et encore à faire les même choix. La posture adoptée serait

« une fausse solution au problème : d’autres sites vont immédiatement prendre sa place. Ce n’est qu’un nouvel épisode dans un cycle d’ouvertures et de fermetures qu’on connaît depuis des années. »

Il souligne une lassitude devant un scénario connu et répétitif. Mieux encore, cette industrie culturelle se battrait contre ses propres démons. En clair elle serait responsable de l’existante de ce type de service illégal et condamnable de partage d’œuvre.

Zone-telechargement, une dérive mafieuse du partage

L’explication repose sur le choix de combattre à l’aide des politiques le partage. Cela a donné naissance à l’Hadopi chargée de surveiller le téléchargement en peer to peer mais « totalement impuissante pour des sites comme Zone téléchargement ». Cette action aurait seulement conduit

« à faire monter les sites de téléchargement direct et de streaming, qui sont centralisés, et pour lesquels la tentation est très forte de faire de l’argent ».

Ceci aurait donc engendré

« une dérive mafieuse du partage de fichiers ».

Cependant la situation semble encore plus délicate avec aucune distinction entre le partage de la création humaine et son exploitation.

Le partage d’œuvre, un mal absolu à combattre ?

Il est ainsi rappelé que la gendarmerie nationale a procédé à la fermeture le 17 novembre de What.cd. What.cd n’a rien à voir avec Zone-telechargement puisque il s’agit

«d’une communauté privée dans laquelle des gens mettaient en commun leur musique. On n’y entrait que par cooptation : il fallait être invité par un membre, et il fallait adhérer à une charte, qui défendait la qualité et la diversité des fichiers échangés. Le but était d’accéder à de la musique rare, et les gens de What.cd ne faisaient pas d’argent. Pour pouvoir télécharger, il fallait partager des musiques qui n’existaient pas déjà sur la plate-forme. Ce site nécessitait un investissement intellectuel. C’était une des bibliothèques musicales les plus riches au monde. »

Au final, le contexte ne serait guerre au dialogue, à la réflexion et aux échanges

« La Sacem, par exemple, est très agressive. Elle s’en prend sans distinction à toutes les formes de partage, même au non-marchand. Et c’est grave, car quand des sites comme What.cd ferment, les gens prennent l’habitude d’aller sur des sites de partage marchand, ils s’habituent aux pubs… La situation n’est pas réjouissante. »

Jerome G

Issu d’une formation scientifique. Aime l'innovation, la High Tech et le développement durable. Soucieux du respect de la vie privée.

8 commentaires

  1. ” le secrétaire générale de la Sacem le décrive comme « des voyous qui ne devraient avoir la compassion de personne »”
    le gars a préparé ses interventions médiatiques devant son miroir, le matin dans sa salle de bain.
    Les mots lui sont dès lors venus très naturellement…
    Aucune compassion de ma part, que ce soit pour ceux de ZT ou de la sacem, ces derniers étant à mon avis les pires.

      1. je ne suis pas contre les gars de zt (ils ont joué ils ont perdu) ni contre la pratique même si illégale ( y a plus urgent à traiter avec 20 ans de listes de fraude fiscale avec des punitions bien légères quand y en a comparativement à ce que prend le moindre pauvre qui ne se trompe que de quelques centaines d’euros, et ce pour survivre et non s’acheter du luxe ou entasser).
        Et la sacem je les vois plus comme comme un racket organisé que comme une société de protection des artistes (sauf les quelques gros qui sont choyés) .
        Et je suis pauvre . Donc inutile de venir avec cet argument. Ni même avec celui de la culture. C’est une utilisation dévoyé de ce terme par le services marketing ( aide bien pour justifier la protection d’intérêt privés par les fonds de l’état) alors qu’il ne s’agit pour la plupart du temps que de divertissement.
        Avec un peu de chance une médiathèque n’est pas loin, même pas besoin d’internet.

  2. il est faux de dire que l’HADOPI est inefficace.
    L’INSEE a fait une étude (https://www.insee.fr/fr/statistiques/1303385) sur l’effet de l’HADOPI sur les films américains en salle.
    En résumé : grâce à HADOPI on constate une augmentation du succès des films américains (9%) au détriment des oeuvres françaises.
    Sans HADOPI, les adolescents regardent les films américains (ceux qu’ils préfèrent) en version pirate et vont au cinéma voir les films français. En effet, les films américains sont facilement disponibles en version pirate avant même leur apparition dans les salles françaises. Avec HADOPI, comme il est plus dangereux d’accéder à des version pirates des films américains mais que les jeunes les préfèrent quand même aux films français, ils vont voir les films américains en salle. Comme leur budget cinéma n’est pas extensible, ils ne vont plus voir les films français en salle.

    Donc l’effet HADOPI fonctionne bien … mais pour couler le cinéma français. Bravo HADOPI.

  3. Article intéressant. A noter aussi le coût élevé de l’accès à la culture.. et la paupérisation des classes moyennes. Le plus remarquable reste la formule “voyous qui ne devraient avoir la compassion de personne “, très outrancière et révélatrice de l’intention de criminaliser le téléchargement. Nul doute en effet que les ayants-droits en sont dépourvus, de là à décider pour qui nous devrions éprouver de la compassion… Animés de cynisme et de vénalité, ils devraient se garder d’employer ce terme.

  4. Bon article, mais je crois que tant que les serveurs sont épargnés, le site reprendra le travail sous un autre nom de domaine.

  5. il est vrai qu il faut un certain controle, et avec le site de streaming legal, la tentation de telecharger est moins grande; mais certains films ancien ne sont pas disponibles

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page